L’Union européenne valide son plan de relance ! Oui, mais à quel prix ?
Annoncé dès le mois de mai, le plan de relance de l’Europe a officiellement été entériné le 21 juillet 2020 par les 27 États membres, à l’issue d’un sommet-marathon – et à la faveur d’un accord au forceps. Éléments d'explication.
Accord historique ! clament celles et ceux qui l’ont conclu, après 4 jours (et 4 nuits) d’intenses négociations.
Pourquoi historique ? Parce qu’avant le coup, Next Generation EU, le plan de relance de l’Union européenne, était loin de faire l’unanimité parmi les 27. Les pays dits « frugaux », peu enclins à participer à l’élaboration d’une solidarité budgétaire commune, freinaient ouvertement des 4 fers, tandis que d’autres États accueillaient avec circonspection la conditionnalité liée aux objectifs climatiques ou au respect de l’État de droit.
« Jamais l’Union européenne n’avait décidé d’investir de manière aussi ambitieuse dans l’avenir », a déclaré la Première ministre belge Sophie Wilmès, au sortir des négociations. Et Charles Michel, Président du Conseil européen, de surenchérir : « Pour la première fois dans l’histoire européenne, le budget est lié aux objectifs climatiques, et pour la première fois, le respect de l’État de droit devient une condition pour l’octroi des fonds. »
Autocongratulation de pure forme ou légitime satisfecit ?
Il est vrai que, après le Brexit et alors que la crise du Covid-19 semble s'installer dans la durée, l’édifice Europe a bien besoin de réinjecter un peu de liant dans ses fondations. Toutefois, l’enthousiasme des uns ne doit pas cacher la perplexité des autres, nombreux, qui estiment que cet accord a été obtenu au prix de bien lourdes concessions !
Certes, le projet d’accorder des subventions directes aux pays les plus touchés par la crise du Covid-19 a été sauvegardé ; toutefois, l’enveloppe initialement fixée à 500 milliards d’euros s’élèvera finalement à 390 milliards d’euros sur 3 ans. De plus, les pays « frugaux » (Autriche, Danemark, Finlande, Pays-Bas et Suède) ont demandé – et obtenu – un droit de regard sur la manière dont seront utilisés les fonds.
Pour beaucoup, le compte n’est pas bon !
Au long cours, la face sombre du plan de relance apparaît encore plus distinctement. En effet, les contributeurs au budget européen se sont vus octroyer un rabais supplémentaire de 53 milliards d’euros sur 7 ans. Résultat : ce budget s’élèvera à 1.074 milliards d’euros pour la période 2021-2027, alors qu’en mai dernier la Commission européenne demandait 1.100 milliards d’euros et le Parlement européen 1.300 !
De fait, le Fonds pour la transition juste, destiné à accompagner le Pacte vert initié en grandes pompes en décembre 2019, passe de 30 à… 10 milliards d’euros ! Même traitement pour la recherche dont le budget est amputé de presque 20%. Autres victimes collatérales du plan de relance : la défense, l’espace ou encore la santé ! Oui, la santé, qui perd 2,7 milliards d’euros et son programme EU4Health pourtant censé apporter une réponse à la pandémie de Covid-19…
Un bien cher accord, décidément !
D’ailleurs, 48 heures plus tard, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, n’hésitait pas à parler de « pilule difficile à avaler » s’agissant des réductions budgétaires consenties. Dans la foulée, le Parlement européen faisait savoir qu’il envisage de ne pas approuver le budget de l'UE en l’état !
À suivre !
En savoir plus:
Articles sources :
Budget de l'UE : la santé, la recherche, la défense et le climat déplumés, Derek Perotte, Les Échos
Plan de relance : les pays européens adoptent un accord historique, Marina Fabre, Novethic
Le Parlement européen menace de ne pas approuver le prochain budget de l'UE, Le Monde & AFP