28/03/09 PLS à la RTBF
Tout au long de la saison 2008-2009, Denis Stokkink, président de PLS, fait partie des 13 chroniqueurs de l’émission « Entrepremière » qui a lieu tous les samedis entre 8h30 et 9h, dont les interventions sont publiées le même jour dans les pages économiques de la Libre Belgique.
Sa première chronique a eu lieu le 6 septembre dernier, les deux autres ont été diffusées les 13 décembre 2008 et 28 mars 2009, sur la thématique Europe/mondialisation. Si jamais vous n’avez pu écouter l’émission ou lire la Libre Belgique, vous pouvez retrouver le texte de ses interventions ci-dessous.
Les dures réalités de la crise : un constat partagé ? - 28/03/09
Alors que la crise s’intensifie et malgré les appels du FMI et des États-Unis, les pays de l’Union Européenne peinent à s’entendre sur les efforts communs en matière de relance, avec pour seul point de consensus un manque d’enthousiasme à l’idée d’investir davantage. Face à cette frilosité, on assiste à un renforcement des inégalités et à une rupture toujours plus grande entre ceux qui tirent leur épingle du jeu et les autres.
En effet, malgré la crise et l’augmentation massive du chômage, « rien de nouveau sous le soleil » : les biens communs sont considérés comme un besoin et non un droit pour tous, comme l’a montré le sommet mondial sur l’eau ; une entreprise comme la Poste belge fait état de « bons résultats 2008 », alors même que de nombreux usagers sont victimes des fermetures de bureaux de poste et que l’emploi va devenir plus flexible ; les bonus et autres stocks options continuent à être distribués aux dirigeants d’entreprises, grâce à l’argent des contribuables, témoignant de l’autisme et du mépris du monde financier.
Ainsi, en dépit des prévisions alarmistes des économistes et des promesses du début de la crise, l’Europe libérale est incapable de proposer une vision commune, cohérente et porteuse d’avenir.
Pourtant, des outils existent. Par exemple, au niveau du monde économique, la Responsabilité Sociétale des Entreprises, dont on parlait beaucoup avant la crise, devrait être réactualisée : malgré ses limites, elle pourrait prendre en compte les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la crise actuelle, dans le cadre d’un réel dialogue avec les pouvoirs publics sur la régulation nécessaire, avec les syndicats sur le traitement social de la crise et avec la société civile pour réconcilier les entreprises avec les citoyens.
Mais les entreprises européennes sont-elles capables de s’engager sur cette voie ?
Pour une croissance durable et solidaire au service d’une richesse partagée - 13/12/08
Alors que l’heure est aux plans de relance économique dans l’Union européenne pour remédier aux conséquences économiques et sociales de la crise, il est essentiel de s’attaquer aux maux profonds du système économique en vigueur pour construire une croissance européenne durable et solidaire.
Tout d’abord, l’intérêt général européen doit être placé au cœur d’un nouveau modèle de croissance. De cette manière, il sera possible de relancer tant la production que la consommation dans un objectif de long terme puisque l’économie de marché fonctionne selon le principe fondamental de l’offre et de la demande.
Pour cela, en plus de réglementer strictement les marchés financiers pour les obliger à servir l’économie réelle, il faut développer un modèle conjoint d’économie verte, sociale et solidaire. La cohésion sociale, comme moteur de la croissance économique, devient alors un objectif clé à atteindre.
L’économie verte repose sur des investissements, en grande partie publics. Elle est essentielle pour relever les défis que sont le changement climatique et la crise énergétique et offre de nombreux débouchés que l’Union européenne doit saisir de manière responsable.
En outre, l’économie sociale et solidaire est indissociable de l’économie verte. Elle est indispensable pour créer un modèle de croissance saine et durable à moyen et long termes car elle pense la croissance en termes de progrès sociétal. En opposition à la vision néolibérale, la productivité ne se pense plus en termes quantitatifs via la notion de progrès technique, mais en termes qualitatifs : accroître le bien-être des travailleurs permettra de produire de manière plus efficace.
Pour cela, le Think Tank européen Pour la Solidarité propose un Manifeste, qui présente 12 propositions pour une réponse globale face à la crise économique et environnementale. Une croissance durable et solidaire, c’est possible !
L’Europe ou le syndrome du flamant rose - 6/09/08
Parmi les priorités de la rentrée économique européenne, l’Europe sociale revient à l’agenda de la Présidence comme de la Commission.
Historiquement, en réaction aux modèles soviétique et américain, le modèle social européen s’est fondé sur 2 piliers fondamentaux : la croissance économique, basée sur une économie de marché et la justice sociale, basée sur une protection sociale forte. C’est l’équilibre entre ces 2 éléments qui a été à la base du développement économique des années 50 à 90. Au niveau européen, la stratégie de Lisbonne définie en 2000 respectait cet équilibre, en donnant à l’UE l’objectif d’améliorer sa compétitivité basée sur l’innovation tout en renforçant la cohésion sociale.
Pourtant, ces dernières années ont vu l’émergence de ce qu’on peut appeler le syndrome européen du flamant rose, où le modèle social ne repose plus que sur une patte, celle de la compétitivité économique et où les progrès sociaux ne sont plus que des externalités positives de la croissance. L’actuelle Commission Barroso a basé toute sa politique sur ce syndrome, ce qui remet en cause les fondements même de l’histoire économique et sociale européenne, avec des résultats négatifs, dont une croissance faible et une hausse importante de la pauvreté.
Il semble donc particulièrement urgent de faire redescendre la patte de la cohésion sociale pour que l’Europe redevienne un bipède capable de progresser de nouveau sur cet équilibre, en revenant à ses fondamentaux qui ont fait sa force, pour assurer un développement durable à l’Europe, où tous les acteurs trouvent leur place. Il en va du modèle social européen !