Retour sur la Rencontre consacrée à la Conférence sur l’avenir de l’Europe
Lors de la Rencontre organisée le lundi 9 mai 2022, POUR LA SOLIDARITÉ-PLS s’est intéressé à la Conférence sur le futur de l’Europe comme levier pour une démocratie participative européenne. PLS travaille depuis déjà 15 ans sur les problématiques liées à la démocratie participative et a souhaité revenir sur ce processus sans précédent, à l’occasion de la Journée de l’Europe. Retour sur cette rencontre-débat !
POUR LA SOLIDARITÉ-PLS vous propose de revenir sur ces débats riches d'enseignements et d'éclaircissements. Retrouvez dès à présent le compte rendu de nos échanges, mais également la rediffusion de cette Rencontre Pour la Solidarité sur notre chaîne Youtube ou ici !
Intervention de Rémi Leturcq
Rémi Leturcq, auteur de la publication « La démocratie sur le fil du rasoir, comprendre la Conférence sur l'avenir de l'Europe », est revenu sur le processus de construction de la Conférence, qui a pris une structure pyramidale. Alors que la Conférence a débuté au travers d’une plateforme en ligne et de multiples évènements, la participation citoyenne a vite été réduite, en débouchant sur uniquement quatre panels de 200 citoyen·ne·s. Ceci limite tant la représentativité que les thématiques pouvant être abordées de manière transversale, suite à la répartition entre les panels. La dernière atteinte à la représentativité se situe au sommet de la pyramide et de la « plénière », qui n’était composé que d’un quart de citoyen·ne·s, les trois quarts étant composés de représentant·e·s des institutions nationales et européennes.
En effet cette Conférence est le résultat d’un cheminement long et complexe à la suite des divergences profondes entre les institutions. Que ce soit en ce qui concerne la présidence, la nécessité de réformes institutionnelles et l’ouverture à la révision des traités ou encore vis-à-vis des suites à donner à cette conférence, les positions des institutions européennes (Parlement, Commission et Conseil) divergent.
Comment réellement redonner du pouvoir au citoyen ?
Cette construction a certes donné l’opportunité aux citoyen·ne·s de s’exprimer, mais la Conférence ne leur a pas réellement donné le pouvoir. Pour ce faire, il faudrait premièrement s’assurer que le citoyen·ne voit ses propositions réellement reprises par les institutions. Deuxièmement, il est nécessaire de ne pas limiter à cette Conférence et d’assurer continuellement le renforcement démocratique des institutions européennes.
Intervention de Marie Vernier
Marie Vernier, Déléguée Générale du Labo de l'ESS, est revenue sur la force de l’ESS en tant qu’actrice qui redonne aux citoyen·ne·s tant du pouvoir qu’une capacité d’actions. Cependant, le secteur de l’ESS est aussi redynamisé par l’action des citoyen·ne·s. Alors que la jeunesse est enthousiaste vis-à-vis de cette manière de faire et que celle-ci a déjà permis une régénération de l’ESS, il est temps de s’en saisir pour assurer une revitalisation du projet européen et de son processus démocratique.
Marie Vernier est notamment revenue sur la consultation pour le climat qui s’est déroulée en France. Cet exemple de démocratie participative est parti des usages pour répondre à des besoins individuels et collectifs. Malgré tous les manquements que l’on peut attribuer à cet exercice, il a abouti sur une centaine de propositions portant sur une série d’éléments clés.
Marie Vernier retire ainsi une conclusion positive de l’exercice mené dans le cadre de la Conférence sur le futur de l’Europe, qui est assez récente dans le cadre européen, avec comme précédent historique le Référendum irlandais de 2018. La démocratie participative ne représente pas un remplacement du processus représentatif, mais il doit agir en complémentarité de ce dernier et venir renforcer le travail des institutions et des politiques.
Interventions de la salle
Comment s’assurer que les propositions seront prises au sérieux et non oubliées ? Voyez-vous des méthodes?
La reprise des propositions va dépendre de la bonne volonté des institutions. Alors que les propositions vont dans le sens des propositions du parlement européen, ceci risque d’être bien plus compliqué à l’échelle des Etats membres. Il en est de la responsabilité des associations, de la société civile, d’assurer le suivi des initiatives et des propositions. La balle est ainsi dans le camp des acteur·rice·s de la société civile pour assurer ce suivi. Le travail ne fait que démarrer. Ceci suppose de jouer collectif et de ne pas sous-évaluer les politiques européennes dans nos travaux.
Voyez-vous la possibilité d’une modification du traité ?
Il s’agit d’un enjeu crucial dans les discussions et ceci constitue l’un des importants enjeux politiques parmi les mois qui viennent. Il a été souligné l’ouverture de la Commission européenne et l’appui du Président Macrona exprimée lors de la conférence sur l’ESS qui s’est tenue à Strasbourg, quant à l’ouverture possible du débat sur les traités et une possible convention.
Quelles sont les différences de conceptions autour du principe de l’éducation permanente entre les continents ?
A la base, ce concept d’éducation populaire renvoie à la nécessité de permettre aux plus vulnérables de participer à la prise de décision et d’assurer l’éducation et le développement du regard critique de ces publics cibles. Il s’agit d’un enjeu central dans le développement d’une démocratie participative. Cependant, il y a aujourd’hui le besoin d’articuler les acteurs de l’ESS pour redynamiser l’éducation populaire. Marie Vernier a mis en avant le Pacte pour le pouvoir de vivre développé par 65 Organisations françaises.
Conclusion par Denis Stokkink, Président de PLS
Les intervenant·e·s ont ainsi souligné le bénéfice de cet exercice unique, qui vient compléter les possibilités ouvertes par les Initiatives citoyennes européennes (ICE) tout en mettant en avant la nécessité de partir d’initiatives bottom-up et non top town pour revitaliser l’Europe. Il est pourtant plus que jamais temps d’agir. C’est à chacun·ee d’entre nous d’apporter sa contribution pour redynamiser le projet européen en veillant à la transcription des propositions par les institutions européennes. La construction d’une Europe solidaire et durable pour demain est entre nos mains, mais il nous faut nous saisir de ces enjeux !
Les Rentrontres POUR LA SOLIDARITÉ sont des rencontres thématiques organisées pour décrypter les enjeux de la solidarité européenne. Dans un format court, ces rendez-vous réunissent des intervenant-e-s pour débattre autour d’un sujet spécifique tout en offrant un espace d’interactions avec le public.
Parce que débattre c’est COMPRENDRE POUR AGIR !
Avec le soutien de la COCOF